Lu dans le cadre d’une lecture commune sur le site de LA et
organisé par Aspare
Résumé:
On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant.
Mon avis :
Ce livre est un témoignage, et l’auteur décrit bien dans
l’appendice qu’il est resté dans ce rôle de témoin, et donc n’a pas extrapolé
avec toutes les informations qu’il a connu au décours. L’histoire n’est pas
romancée, et on peut retrouver ce coté scientifique de sa formation, dans son
style très factuel, avec peu d’interrogations sur le pourquoi du comment. Il ne
s’aventure qu’à peu de moment sur la condition humaine.
On est plongé dans la vie des « Lager » du jour de
sa déportation jusqu'à la « libération » du camp par les soviétiques.
Il me reste difficile d’imaginer la vie dans ces Lagers, malgré
tous les témoignages, tellement ce qui nous est décrit reste inimaginable.
On se retrouve dans le quotidien brut de la vie dans un camp
de travail ; dans leur faim quasi constante, dans leur crasse, dans les
maladies qui s’enchainent, dans cette envie de survie qu’ils ont du mal à
maitriser et à comprendre. Ils s’accrochent, ils magouillent, ils négocient.
Primo Levi décrit bien le peu d’humanité qu’il reste en eux, leur survie à tout
prix, quitte à écraser les autres.
On est
plongé dans la vie coté prisonnier, coté ignorance de ce qui se passe à
l’extérieur, en dehors du monde dans un quotidien qui n’en est pas vraiment un.
Le temps qui s’écoule, c’est jour après jour, saison après saison. L’espoir est
absent, et seul le jour qui arrive compte. On croise d’autres prisonniers, mais
à part Alberto, on voit bien que de tisser des liens est
dangereux/impossible (?).
Ce témoignage est édifiant sur les conditions de vie des ces
prisonniers et leur faculté d’adaptation.
L’appendice, écrit 20 ans plus tard, comme réponse aux
questions fréquemment posées, complète bien l’ouvrage.
Au total : Un témoignage sur les conditions de vie dans
un des camps proche d’Auschwitz. Un livre marquant et qui fait réfléchir malgré l'absence d'émotion qui peut ressortir de ce livre.
Citations
« La nuit vint, et avec elle cette évidence :
jamais être humain n’eût dû assister, ni survivre, à la vision de ce que fut
cette nuit là. »
« Ce sont justement les privations, les coups, le froid
et la soif qui nous ont empêchés de sombrer dabs un désespoir sans fond,
pendant et après le voyage. (…) nous n’étions que des spécimens d’humanité bien
ordinaires. »
« en ce lieu, tout est interdit, (…) parce que c’est là
précisément toute la raison d’être du Lager. »
« Il sera donné à celui qui possède, il sera pris à
celui qui n’a rien. » (et cela reste assez vrai à notre époque…)
J'ai vraiment ressenti cette absence d'émotion du coup, je me suis ennuyée et n'ai pas apprécié comme j'aurais dû.
RépondreSupprimerJ'avoue que j'ai été très étonnée de ne pas avoir de larmes qui me montent aux yeux.
RépondreSupprimerDommage que tu te sois ennuyée pour le coup...
La première fois que j'ai lu ce livre, cette absence d'émotion, cette dureté m'avait un peu choquée. Je l'ai relu plus d'une dizaine d'années après et j'avoue que lors que l'on connait un peu mieux le sujet, on comprend mieux son style et on apprécie mieux ce livre. Il est tellement important de survivre dans ces conditions que c'est ce qui prime au dépit de toute humanité et solidarité. Je trouve que c'est un magnifique témoignage qui livre une réelle vision de la Shoah sans pathos inutile.
RépondreSupprimerJe pense que la relecture, effectivement doit limiter la frustration de l'absence de sentiment présente à la première lecture.
RépondreSupprimerMerci pour ton passage :)
Un témoignage important sur ce qui s'est passé dans les camps. A un moment Primo Lévi dit que s'il avait fait preuve de compassion envers ceux qui étaient plus faibles, il serait mort aussi. La seule solution pour survivre était de penser en petit groupes solidse. Donc le manque d'émotion ne me gêne pas. Nous sommes dans une situation plus qu'exceptionnelle qui n'est à recommander à personne.
RépondreSupprimerJe pensais que cette lecture serait plus difficile pour moi. Ce qui est interessant ici c'est que c'est un camp de travail et non d'extermination. Les gens ont le temps de s'organiser à condition de savoir se fondre dans le système et d'en comprendre les rouages. Primo Levi reste loin de l'émotion sauf lorsqu'il parle d'Alberto, parti sur la route avec 20000 compagnons sans jamais arriver quelque part. J'ai relevé beaucoup de phrases dans ce livre et ce ne sont pas les tiennes. Nous avons vraiment des façons de lire qui diffèrent. J'aime beaucoup ces échanges.
RépondreSupprimer@Gentiane: C'est vrai que ce n'est "qu'un" camp de travail, ce qui change la perspective d'"avenir". J'aime aussi beaucoup lire le regard d'autre lecteurs alors que ma lecture est encore fraiche.
RépondreSupprimer@Kactuss : petit groupe, voir moins que ca, au final, ils se sont mis à 2 et leur équilibre était précaire...
C'est un texte que j'ai lu jeune, et relu assez récemment. Ce témoignage m'a profondément marquée. L'absence de sentiments... C'est indéniable, mais je pense que cela contribue de façon notable à la force de ce texte.
RépondreSupprimer"Camp de travail"? Non. Camp de concentration. Les "camps de travail", ça fait penser au STO, je trouve... Ce qui ne concernait pas Primo Levi.
Ce qui différencie les camps de concentration des camps d'extermination, ce n'est non pas le but, mais les modalités... Et le temps aussi, parfois. Et puis Auschwitz (bon Auschwitz-Birkenau plus précisément) avait un statut très particulier... Ce qui se perçoit dans le témoignage de Primo Levi (même s'il a été envoyé à Auschwitz-Monowitz).
Un livre vraiment bouleversant. Par contre je suis assez étonnée que la mort ne soit pas plus présente...
RépondreSupprimerLivre bouleversant et poignant.
RépondreSupprimer