Fruit de ma participation au financement de la librairie proche de chez moi (cf le marque page sur la photo), j'ai dévoré ce texte dont les premiers échos sont positifs.
Résumé
Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l’enfance quand la
tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au sanatorium
d’Aincourt. Cafetiers de La Roche-Guyon, ils ont été le coeur battant de
ce village des boucles de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de
Paris.
Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est
ruiné par les soins tandis que le placement des enfants fait voler la
famille en éclats, l’entraînant dans la spirale de la dépossession. En
ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité
sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne
fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, méconnaissance ou
dénuement tardent à solliciter la médecine.
Mon avis
Un très beau roman qui traite de thèmes que je n'ai pas forcément l'habitude de voir abordés.
La période historique d'abord, l'après seconde guerre mondiale, l'apparition de la prise en charge sociale et médicale notamment la Sécurité Sociale pour garantir à tous un accès aux soins. Ce roman nous rappelle à quel point il s'agit d'un progrès social et la nécessité de la préserver.
L'évolution de la médecine transparait aussi durant ce récit. Effectivement Paulot et sa famille dont en partie les frais des balbutiements des thérapeutiques, ou des diagnostics. L'acceptation de la tuberculose fait écho à d'autres pathologies actuelles dont la transmission est le plus souvent fantasmée. Soixante ans plus tard, les problématiques ont évolué sur la forme mais pas sur le fond.
Les personnages sont un élément clé du livre.
Comment ne pas vivre avec Mathilde, ses joies, ses galères, son enfance, sa rage de vivre ?
Ce personnage est tellement vivant, tellement vrai. J'ai aimé sa détermination, ses faiblesses, sa loyauté envers sa famille.
Il y a tellement d'opposition avec sa sœur Annie, si bien décrite comme de passage, et tellement d'amour avec son frère Jacques. Elle devient malgré elle la pierre angulaire de cette famille éclatée et le subit tout en l'assumant et en maintenant son équilibre.
Mathilde qui s'entoure de personnages auxquels on ne croit pas forcément mais qui ont leur place dans son histoire, dans l'histoire.
Jeanne, adolescente touchante, l’idolâtre, son caractère et ses difficultés en font rarement un personnage clé dans les romans. Antoine, son frère, nous rappelle les dommages des guerres sur les soldats rentrés au pays. Et tous les gens du village, les aidants et les opposants ont leur place dans cette société semi rurale, proche de Paris sans en connaitre les bénéfices.
Enfin, il y a Paulot, solaire dans le début du roman avec le coeur sur la main, qui s'éteint progressivement et devient lunaire. Il reste l'homme autour duquel tourne sa famille tout en étant le point de départ de ses difficultés.
Il existe dans ce roman une critique de la société de cette époque, à travers la reconversion ratée d'Odile et Paulot, ou le peu d'avenir existant une fois entré dans le sanatorium sans parler de l'incompétence de l'assistante sociale ... Certaines scènes dans la mairie ou l'église sont des exemples de la lâcheté humaine et de notre difficulté à lâcher nos acquis sociaux et à tendre la main aux plus démunis.
Tout ceci est porté par l'écriture magnifique de Valentine Goby, qui m'avait peu touchée dans KinderZimmer, alors que le sujet était tout aussi fort, avec déjà des femmes au premier plan.
Dans ce roman, elle se révèle vraie dans les moments pleins d'émotion sans larmoiement inutile. Elle relate sa rencontre avec la femme qui a inspiré ce roman pleine de douceur, et juste évoquée à certains moments pour nous remettre dans cette opposition actuelle/passé pas si lointain.
Au total : Un excellent moment de lecture, que je ne peux que recommander.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire