mercredi 14 janvier 2015

"Max" de Sarah Cohen-Scali

Livre qui a beaucoup fait parler de lui à sa sortie, à la fois du fait du thème abordé, que de la couverture provocante.

Résumé

Couverture Max"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich



Mon avis

Ce livre fascine par le sujet abordé. Je ne me souviens pas avoir entendu parlé du Lebensborn dans ma scolarité alors que c'est un sujet qui fait froid dans le dos, notamment lorsque celui ci est décrit "de l'intérieur" par Max.

J'avoue que la première partie ne m'a pas forcément convaincue. J'ai eu l'impression d'un trait forcé pour le personnage de Max, ce nourrisson conçu pour être le parfait petit aryen et qui le sait. La description des sélections des différentes mères, tous les non-dits pour les convaincre montre à quel point la manipulation était présente, et le reste surement encore à l'heure actuelle.
Leur condition de vie réduite à être des mères nourricières, sans pouvoir réellement s'attacher à leur enfant, sans voir la perspectives de les élever met en évidence que l'apparence restait la seule priorité, notamment lors des sélections pour l'adoption.
On ne peut être que touché par le discours tenu par Max, par son sang froid, voir sans cœur, même si certains passages nous montre une partie de son humanité qui reste présente finalement, et nous laisse l'espoir du changement. J'ai aimé avoir l'impression d'une nécessité d'un lien filial, rejeté par cet enfant par principe mais qu'il cherche au delà des convictions religieuses, et parfois malgré les apparences.

L'histoire m'a plus accrochée à partir du son départ de la pouponnière, parce que Max, finalement redevient un enfant, désobéit aux consignes et commence à réfléchir, peut être un peu trop lucidement pour son age supposé. Il existe dans toute la première partie cette dissociation entre l'âge présumé du discours et l'âge de l'enfant qui donnait un coté très didactique finalement, et pas forcément crédible.

Les différentes méthodes de recrutement des enfants polonais, vues de l'intérieur, les écoles de formation avec un programme qui nous parait totalement hallucinant de dénigrement, de conditionnement de toute une jeunesse sont une partie choc de ce livre par son réalisme.
Le coté très pervers imaginé par le système pour repérer et rassurer les enfants pour les conditionner au plus tôt. L'ignorance totale de ce qu'est l'enfant, et la sous estimation des capacités de mémoire des enfant est aussi quelque chose de choquant, au vue de moyens employés et des objectifs finaux.

L'évolution en relation avec la réalité historique est très bien rendu. On entre dans la peau des allemands, dans leur crainte, dans l'écroulement de leur système visible au quotidien.

Au total : Un point de vue déstabilisant sur le Lebensborn, je tenterais surement de lire Kinderzimmer de Valentine Goby, pour un point de vue moins romancé.

D'autres avis chez AcrO, qui m'a convaincue de me lancer et Reveline qui émet certaines réserves aussi

2 commentaires:

  1. Je souhaite le lire depuis un petit moment, tout comme Kinderzimmer.
    Merci pour cette chronique :)

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  2. Non, c'est rare que les Lebensborn soient cité durant la scolarité... Quand on commence à voir son humanité apparaitre, tu te dis, que là, ça y est, "il revient à la raison" et paf, il plonge encore plus bas dans sa vision rigide. J'ai aussi Kinderzimmer dans ma wish, il me tente bien. Max est une lecture qui m'a pas mal marquée.

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