dimanche 24 mai 2015

Kinderzimmer de Valentine Goby

Depuis quelques mois, je le mets dans mes priorités et repousse ma lecture, car le sujet est dur et demande une certaine disponibilité d'affect. Entamé il y a 2 mois, je l'ai posé, pas dans l'esprit et repris pour pouvoir participer au Book Club de Livraddict.

Résumé

Couverture KinderzimmerJe vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?
– Je ne sais pas.
– Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.
Mila se retourne :
– Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
– La même chose que toi. Une raison de vivre.”

En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.



Mon avis

Je me suis dit après ma lecture qu'il allait falloir que je recense mes articles portant sur la seconde guerre mondiale, sujet assez porteur en littérature et que j'apprécie de découvrir.

Kinderzimmer apporte une angle différent, à la fois car nous voyons souvent le camp de concentration plutôt de l’œil masculin (Si j'étais un homme de Primo Levi, Maus d'Art Spiegelman) et le thème de la grossesse était plutôt tabou, comme le montre le début du livre, et le fait de la cacher aux autres prisonnières et aux gardiennes. Ce livre met en évidence le pourquoi, être une femme était risquée, une femme enceinte encore plus et réussir à survivre dans ce contexte tient du miracle.

Mon principal bémol dans cette lecture, probablement le même que "Si j'étais un homme", porte sur le fait que le contenu de ce livre est tellement difficile que je suis restée assez froide, comme une protection. J'ai, de ce fait, lu de manière assez détachée la vie de Mila/Suzanne, d'autant plus que je n'ai pas accroché au style initial assez noyé, de la narratrice principale. Il existe des ellipses, des sauts dans les noms, dans la temporalité, comme témoin du fouillis que devient l'esprit de Mila, mais qui m'a perdu sur le début.

Le récit prend ensuite un caractère plus chronologique, et on découvre l'autre face de Ravensbruck, le pillage des affaires extorquées aux prisonniers, la Kinderzimmer. Les conditions de vie sont omniprésentes, l'auteur essaie à force de répétition de nous immerger dans le dortoir, proche des toilettes, dans la crasse, la quasi absence de nourriture, d'humanité, voire de sommeil.

Il y a un déclic dans l'histoire de Mila, qui remet l'écriture dans le bon sens, avec quelque chose de moins fouillis, de plus accessible. Je n'ai pas aimé cet effet de style car il m'a perdu sur le début, mais l'apprécierais probablement plus dans une relecture, une fois la destination plus claire.

Les personnages sont intrigants, mais leur passé se perd dans la torture, leur caractère, leur différence s'atténue dans la lutte pour la survie. Dans cet enfer, il existe quelques rayons d'humanité, de soutien et de compassion qui malheureusement étaient trop rares.

Quant au dénouement avant final, il m'a dérouté, et je n'en ai pas vraiment compris l'utilité. La quête du retour à domicile est par contre bien amené. La libération oui, mais par qui et surtout comment transporter tous les déportés. Quelle prise en charge pour ces gens qui n'aspirent qu'à retrouver leur vie passée, dans quelles conditions ?
Et surtout l'épilogue nous montre bien à quel point le retour était difficile, comme une blessure ouverte à jamais et tous les livres sur le sujet sont unanimes.

Au total : Un livre dur sur le fond et étrange sur la forme qui m'a laissé de coté.

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Lettre G 250 pages

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