samedi 19 septembre 2015

"Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre

Il y a des auteurs où les circonstances font qu'en peu de temps, les lectures s'enchainent. Ce livre fait partie de mon challenge avec LilieSiChouette.

Résumé (4ème de couverture (raccourci))

Couverture Au revoir là-haut
Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard comprennent rapidement que le pays ne veut plus d'eux. Malheur aux vainqueurs ! La France glorifie ses morts et oublie les survivants. Albert, employé modeste et timoré, a tout perdu. Edouard, artiste flamboyant mais brisé, est écrasé par son histoire familiale. Désarmés et abandonnés après le carnage, tous deux sont condamnés à l'exclusion.
(...)
 Bien au-delà de la vengeance et de la revanche de deux hommes détruits par une guerre vaine et barbare, Au revoir là-haut est l'histoire caustique et tragique d’un défi à la société, à l'État, à la famille, à la morale patriotique responsables de leur enfer.

 Mon avis

Un livre dont on a beaucoup parlé à sa sortie, notamment grâce au fait qu'il est gagné le prix Goncourt.

Je suis contente de l'avoir lu à distance de tout le battage médiatique car je pense que j'aurais été déçue.

Je ne peux nier les qualités de ce récit. La première partie nous amène dans le champ de bataille de manière tellement incisive. J'ai ressenti les scènes de chaos autant qu'en film ou série, ressenti le désarroi d'Albert.
Après cette première partie tellement intense, j'ai ressenti un coup de mou, qui repart assez tardivement, probablement lié aussi au quatrième de couverture que l'on attend.

L'après guerre est difficile pour ces soldats blessés. Leur égo, amour propre en a pris un coup et on découvre la manière de chacun de le gérer. J'ai aimé les différents personnages, leur manière de se croiser et d'attendre la rencontre finale qui finalement n'a pas le rebondissement que je souhaitais.

Albert,antihéros par excellence, est touchant, maladroit. Son évolution est particulièrement touchante. La force de ce récit est de l'avoir rendu vivant, d'avoir cette impression qu'on pourrait le croiser dans la rue. Les descriptions sont réalistes sans être trop présentes et j'étais capable de m'imaginer Paris et les personnages qui déambulent dans les quartiers cités.

Edouard m'a laissé plus de marbre, mais je pense que son caractère très ambivalent y est pour quelque chose. L'envie de compatir, l'empathie s'éloigne au fur et à mesure. Ses difficultés de santé sont le centre du roman, et donne une image complémentaire de la Chambre des officiers de Marc Dugain (une de mes première chronique d'ailleurs).

De l'autre coté, on a ceux moins touchés par la guerre, notamment Henri, officier considéré comme un héros pour les hautes sphères de l'armée, mais qui du point de vue des soldats l'est beaucoup moins. Un homme antipathique pour plein de raisons et dont on espère et attend la chute tout au long du récit.
Son pendant est le père d'Edouard, homme touchant dont on découvre les failles au fur et à mesure du roman. Leur lien, Madeleine, nous montre l'image d'une femme forte sous des dessous fades. J'ai beaucoup aimé sa douceur et sa manière de gérer sa vie, dans une époque difficile pour les femmes.

Deux escroqueries se déroulent sous nos yeux dans ce contexte d'après guerre et pose la question de la mémoire des héros. Que peux t-on attendre de l'Etat, quel est le prix à mettre pour ces martyrs, victimes de la guerre ? Le but final des deux est le même : l'argent. Cependant l'une nous semble moins difficile à admettre que l'autre. La question des motivations de chacun, de leur humanité apporte une pondération à ces délits.

Au total : Un livre dense avec des histoires et des personnages qui se croisent. Une récit d'après guerre qui met en avant la difficulté de réinsertion des soldats et la corruption. Une jolie découverte malgré un peu creux de narration après la première partie. L'écriture est très visuelle et immersive permettant une lecture très agréable.

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2 commentaires:

  1. Je suis entièrement d'accord avec toi, et moi aussi j'ai ressenti ce petit coup de mou vers le milieu ; il faut dire aussi que je sentais venir la catastrophe et que je n'avais pas envie d'y arriver trop vite :D

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  2. Voilà un avis qui me donne envie de le lire (enfin encore plus qu'avant !) !
    Et je suis heureuse qu'il t'ait globalement plu ! J'ai donc fait un bon triplé de départ ;)

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