jeudi 27 octobre 2011

"Mémoires d'une geisha" de Yuki Inoue


Lu dans le cadre du Book Club de livraddict sur le Japon



Résumé : 
4ème de couverture

Née en 1892, vendue à l'âge de huit ans, Kinu Yamaguchi fera l'apprentissage du dur métier de geisha. C'est un peu l'envers du décor qu'elle raconte : avant de porter le kimono de soie, il lui faudra vivre un apprentissage rigoureux, étudier tous les arts de divertissement et endurer pour cela privations, exercices physiques traumatisants, soumission aux coups sous les ordres de la " Mère " et des " grandes sœurs ". Après son initiation sexuelle, elle s'enfuira, puis reviendra vivre dans le " quartier réservé " avant de devenir elle-même patronne d'une maison de geishas. Récit bouleversant, description édifiante de la vie de tous les jours dans l'intimité d'une okiya, avec ses cérémonies, ses coutumes, ses fêtes et ses jeux. On y entend des histoires de plaisirs, de chagrins, de courage aussi, qui éclairent sous un jour nouveau ce monde fermé sur lequel l'Occident ne cesse de s'illusionner.

Mon avis

Je ne connais quasiment rien à la culture japonaise, ni même à l’histoire du Japon, cependant j’ai bien aimé ce livre qui suit la vie de Kinu, une jeune fille devenue geisha, à la suite d’un apprentissage difficile puis propriétaire d’une maison de geisha.

Je ne connaissais que le visage poudré et les kimonos de ce métier, et au final, sous des aspects de garante des traditions japonaises, se cache une éducation difficile, souvent après « la vente » des petites filles par leur famille (d’origine sociale défavorisée) à une maison de geisha qui « investit » dans leur éducation, et qu’elles devront rembourser une fois devenue adulte. La frontière entre esclavagisme/prostitution et vie de geisha est très difficile à cerner notamment à notre époque ou le droit des femmes et des enfants est plus présent et dans une société avec une culture et des traditions très différentes des notres. Le livre met cependant bien en avant, ce contrat déséquilibré signé par la famille des jeunes filles avec le remboursement de sommes qui s’étalent sur 5 à 10 ans facilement. Kinu nous parle de la « chance » qu’elle a eu de rester toujours dans la même maison, de ne pas avoir été revendu et d’avoir été dans une maison dite de première classe.

La première partie raconte l’enfance de Kinu jusqu'à son intronisation en tant que geisha officielle. La seconde, sa vie de geisha jusqu’à son arrêt puis la création de sa propre maison. Tous ses événements sont rythmés par l’histoire du Japon, entre guerre Russo-japonaise, crise boursière et seconde guerre mondiale, crise boursière de 1929.

Kinu reste une femme volontaire qui malgré le peu d’accès à l’éducation (autre que celle des arts) a appris à lire et a essayé de s’intéresser au monde extérieur, même si sa rencontre avec celui-ci sera difficile. Le récit est à la troisième personne, écrit comme un témoignage de l’époque avec peu de retranscription des paroles de Kinu.

Je reste presque marquée de voir à quel point la prostitution était présente dans cette catégorie sociale, ainsi que quasiment la polygamie avec le concept de protecteur. Les contrats signés entre les parents et la maison de geisha restent aussi très hors d’époque actuelle, même si on peut les rapprocher des escorts girls… 
Cependant, il reste le seul livre que j’ai lu sur ce métier et rapporte uniquement une période donnée dans un quartier donné, la vision de ce livre est centrée sur sa propre expérience à Kanazawa et elle note les progrès dans la considération de ce métier, et son abandon progressif.

J’ai aussi été marqué par la manière dont ce livre pointe les inégalités sociales dans ce pays au début de XXè siècle, avec l’abnégation et la résignation de certains personnages dans leur vie et dans leur espoir (notamment le frère de Kinu) et dont le lien familial pourtant très étiré dans leur enfance est resté fort. Kinu reste proche de sa mère et surtout de son frère et de sa sœur, participant même à l’éducation d’une de ses nièce, et est soutenue dans son projet de création d’une okiya par sa sœur elle-même geisha.

Au total :  Un livre nous montrant à travers un témoignage la vie des geisha du début du XXè siècle.

5 commentaires:

  1. Si tu veux lire un autre roman sur les Geishas et le Japon des années 20-30, il y a Geisha d'Arthur Golden (son livre a été porté au cinéma par Spielberg avec le film Mémoire d'une geisha ^^)
    Pour ma part, j'aimerais lire Mémoire d'une geisha de Yuki Inoue, mais j'arrive pas à mettre la main dessus =/

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  2. J'ai entendu parlé du roman de Golden qui est bien plus romancé à priori.
    Je l'ai trouvé facilement dans une grande enseigne de librairie de mon coté :)

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  3. Sûrement le meilleur livre qui parle de geishas.

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  4. L’intérêt de ce récit est de lever les illusions de ce monde flottant, la dure réalitée. Ces mémoires sont très poignantes ...
    Si l'univers des geishas t’intéressent toujours, je te conseille
    Geisha de Liza Dalby, le récit d'une américaine apprentie geisha dans le cadre de sa thèse de doctorat en sociologie
    L'autobiographie de Mineko Iwasaki, la geisha qui a inspiré Golden

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  5. J'ai entendu parler de Liza Dalby, la seule européenne à être devenue Geisha, il me semble mais je ne savais pas qu'il y avait un livre sur son histoire.
    Merci!

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